En toute logique, ce sont les filières professionnalisées (masters professionnels, ex-DESS) qui sont les plus engagées dans les nouvelles technologies. Petit tour d’horizon avec Jean-Michel Oullion, auteur du guide Les métiers d’Internet, publié aux éditions l’Etudiant, dont voici quelques extraits.
À la rentrée 2012, on dénombrait plus de 150 masters à dominante « nouvelles technologies », dont un tiers avait un intitulé comportant les termes « multimédia » ou « Internet ». En 1995, on ne recensait que sept formations de ce type. Pratique
Une formation sur deux ans, accessible à un large public
La formation de master se déroule sur deux années (communément nommées M1 et M2) après une licence. Souvent, pour les formations Internet, c’est en dernière année que les étudiants peuvent choisir une spécialité. Les étudiants s’initient à la pratique par le biais d’un projet professionnel développé en cours de scolarité.
Pour y accéder, vous pouvez suivre une formation générale en sciences humaines, lettres, information-communication ou informatique, ou bien encore passer par un diplôme technique, BTS ou DUT, suivi d’une licence professionnelle avant de poursuivre en master.
Bien choisir son master
Le choix de la formation intervient en fonction de vos ambitions personnelles et de votre parcours initial. La plupart des formations ont une dominante.
Ainsi, le master stratégies Internet et pilotage de projets en entreprise, proposé à Aubière (Puy-de-Dôme), apporte une double compétence informatique-gestion, le master création numérique de Toulouse 2 est résolument tourné vers la conception, tandis que le master Informatique, spécialité image, son, multimédia de Bordeaux 1 s’adresse à des étudiants ayant suivi un cursus axé sur l’informatique.
Les masters pour les créatifs
Plus d’une quinzaine de masters conduisent aux métiers de conception et de design pour l’industrie multimédia. Le master création, innovation, informations numériques de Paris 8 doit permettre à 50 étudiants d’acquérir une compréhension et une vision critique du marché national et mondial du multimédia. Dans la même université, deux autres masters sont envisageables : le master culture et médias (spécialité industries créatives) et le master information et communication dans les organisations (spécialité communication numérique).
Le master arts spécialité création et management multimédia de Rennes 2 s’est associé avec l’école des beaux-arts de Rennes pour cette formation en deux ans qui vise une triple compétence : technologique, artistique et managériale. À l’issue du master, les étudiants sauront travailler leur créativité, conduire un projet de création innovant, concevoir et proposer des services destinés aux secteurs artistiques, culturels, de la communication ou de l’édition. De plus, ils pourront transformer des projets en potentiels de développements entrepreneuriaux.
L’université Toulouse 2 propose par exemple un master création numérique, qui intègre la pratique du son en amont des projets, dans son articulation avec les arts visuels. Il est ouvert aux pratiques qui relèvent de l’image, in situ ou à distance via réseau, de l’installation, mais aussi du spectacle vivant. Les débouchés : plasticiens et spécialistes de la création numérique.
Les masters techniques
Tous les masters en informatique, réseaux, télécommunications peuvent peu ou prou trouver à s’appliquer dans le secteur du multimédia. Certaines universités cependant proposent des formations plus orientées vers les technologies du Web, comme le master technonolgies de l’hypermédia de Paris 8. Les titulaires d’un master, donc d’un niveau bac+5, sont assimilés à des ingénieurs, même s’ils n’ont pas obtenu le titre officiel d’ingénieur, réservé aux diplômés des écoles habilitées par la CTI.
La spécialité technologies de l’Internet du master sciences et technologies de Pau propose une formation alliant une forte culture en informatique et des compétences de pointe dans les domaines liés aux technologies de l’Internet et la gestion-diffusion de flux d’informations multimédia (textes structurés, images, 3D). Les débouchés sont nombreux dans les grands comptes comme dans les SII.
Le master Cloud Computing @ Mobility (informatique nuagique) de l’Institut supérieur des sciences et techniques de Saint-Quentin (université de Picardie), ouvert à la rentrée 2012, propose de former en alternance 15 étudiants aux technologies utilisées dans l’univers du cloud computing et du mobile (étude d’Android et de iOS) : enjeux, cahier des charges d’une solution informatique, stratégie de déploiement, problèmes sécurité et aspects juridiques… Ce master s’adresse principalement aux titulaires d’une licence générale en informatique. Une particularité : les étudiants ayant un projet d’entreprise pourront l’incuber en parallèle dans une structure locale servant de vivier aux start-ups.
Étudier Internet dans les îles ? C’est possible avec le master sciences et technologies, mention STIC (sciences et techniques de l’information et de la communication) de l’université de la Réunion. Des stages en entreprise, dont le dernier d’une durée de six mois au quatrième semestre, viennent compléter la formation qui débouche sur des emplois locaux (La Réunion, Afrique du Sud) ou en métropole.
Les masters en économie numérique
Compte tenu de la forte implantation dans la région Nord des entreprises de VPC (vente par correspondance), les universités lilloises ont été les premières à se lancer dans les formations au commerce électronique. Depuis, une dizaine d’autres universités leur ont emboîté le pas et proposent également des formations en e-business.
Il est ainsi possible de préparer un master professionnel en commerce électronique dans les universités suivantes :
– Lille 1 : Master marketing et commerce électronique (MCE)
– Paris-Est Créteil : Master pro. commerce électronique
– Dijon : Master pro. commerce électronique
– Besançon : Master pro. langues et commerce électronique
ainsi qu’un Master tourisme, gestion de projet, e-marketing à Avignon.
Mentionnons par ailleurs les masters suivants :
– Lille 3 : Master sciences de l’information et du document
– Montbéliard : Master produits et services multimédia (PSM)
– Besançon : Master pro. e-achat et marchés
– Nice : Master e-tourisme
– Amiens : Master management des organisations de la Net économie
Le master e-services de Lille 1 est davantage orienté vers la conception des e-services, c’est-à-dire tout ce qui concerne les services accessibles au travers des moyens de communications numériques (e-commerce, e-procurement, mobile-commerce, e-learning, e-administration, etc.). Les candidats doivent avoir des bases solides en informatique : génie logiciel, programmation et conception orientées objet (Java, UML et équivalents). La formation débouche sur des emplois comme celui de chef de projet aussi bien dans une grande entreprise que chez des fournisseurs de services, des SSII ou des fournisseurs de solutions technologiques pour l’e-commerce.
Le master Économie et gestion des télécommunications et médias de Paris-Dauphine, dit « master 226 », forme des spécialistes de la gestion de la communication à distance. À l’issue de ce master, les différents métiers exercés peuvent concerner les départements financiers, marketing, juridiques, commerciaux et des départements chargés des programmes, des opérateurs de télécommunication, des fournisseurs d’accès Internet, des chaînes de télévisions, des cabinets de conseil…
Le master professionnel commerce électronique de l’université Paris-Est Créteil Val-de-Marne permet aux étudiants d’aborder tous les aspects stratégiques de l’e-commerce. Les modules fondamentaux de ce master couvrent la conception et la mise en place de sites de commerce électronique, les types de communication de données et la technologie des réseaux, ainsi que les concepts de commercialisation relatifs au commerce électronique. Une grande partie des enseignements est effectuée par visioconférences associées à un tutorat et des cours en ligne.
Le master 2 professionnel médias et communication est organisé en cohabilitation par le CELSA (École en information et communication de l’université Paris-Sorbonne) et l’École des mines d’Alès. L’intégralité des cours se déroule sur le site de Nîmes de l’École des mines d’Alès. Ce master, qui accueille 24 étudiants, a pour particularité de proposer un module dédié à l’entreprenariat. Les étudiants diplômés peuvent, s’ils le souhaitent, déposer leur candidature pour intégrer l’incubateur technologique de l’EMA.
Le master information, communication et numérique (In.Co.Nu) de Saint-Étienne a été lancé à l’automne 2012 dans le cadre du projet international Rhône-Alpes Médias. Il vise à permettre aux étudiants d’acquérir les compétences techniques et analytiques propres aux métiers de l’information en ligne, des pratiques numériques et des usages médiatiques.
Les masters en droit des nouvelles technologies
Les futurs professionnels du droit du numérique peuvent se former dans plus de vingt masters professionnels. En voici une sélection.
Le master droit du numérique de Paris 1 – La Sorbonne a pour objectif de former des juristes aptes à traiter toutes questions liées au développement des technologies de l’information aussi bien dans le domaine de la vie administrative et des relations entre l’administration et les usagers que dans le domaine des entreprises dans leurs relations avec les services publics et les collectivités territoriales.
Le master droit du multimédia et de l’informatique de Paris 2 – Panthéon/Assas donne une connaissance juridique et un aperçu pratique des difficultés soulevées par la mise en œuvre des technologies de l’information. Les thèmes abordés couvrent notamment les questions de droit des contrats, de propriété intellectuelle, de protection des personnes et de vie privée (données personnelles, cyber-criminalité).
Le master droit des médias et des télécommunications de l’IREDIC (Université d’Aix-Marseille) vise à spécialiser les juristes au regard des nouvelles évolutions législatives, économiques et technologiques dans le domaine des médias et des télécommunications. La formation dure neuf mois et est suivie d’un stage obligatoire de trois mois.
Plusieurs masters sont également consacrés à la propriété intellectuelle et aux nouvelles technologies (Aix-Marseille, Grenoble 2, Nice) ou au droit des créations numériques (Paris 1, Paris 5, Paris Sud).
Le master pro droit des activités numériques de Paris 5 forme des juristes de haut niveau, ayant une bonne connaissance de ces technologies, dans toutes les branches du droit liées au commerce électronique.
Le master 2 professionnel droit du multimédia et des systèmes d’information de Strasbourg offre deux formules de scolarité : soit à distance via Internet, soit sur place, à Strasbourg. Mais le fait de ne pas assister physiquement aux cours ne rend pas la formation plus facile. Au contraire, il faut y consacrer au minimum trois heures par jour, souvent en soirée, pour participer au travail collaboratif. Un tiers des cours sont consacrés au droit de la propriété intellectuelle.
Les masters en rédaction multimédia
En dehors des formations dispensées dans les écoles de journalisme, plusieurs universités proposent des masters orientés vers les techniques de rédaction sur des supports numériques.
Le master 2 professionnel GECI (gestion éditoriale et communication Internet) de Lyon 2 en est un exemple, qui a pour objectif principal de former 24 professionnels capables de produire, développer et valoriser le contenu informationnel d’un site en s’appuyant sur les ressources de l’Internet. Le débouché majeur est la fonction de responsable éditorial de site Web (webmaster éditorial).
Le master professionnel communication et multimédia de Paris 2 forme des professionnels des nouvelles technologies ayant vocation à occuper des postes de direction et d’encadrement de systèmes multimédias (sites Internet, intranet, etc.). Environ 25 étudiants sont recrutés sur dossier.
Le master Web éditorial de Poitiers exige une présence d’un peu plus de quinze semaines divisées en deux sessions de 440 heures au total, séparées par un stage de quatre mois, au minimum. « C’est une formation à double compétence, technique et rédactionnelle Web, explique Éric Leguay, directeur adjoint du master, avec d’un côté l’apprentissage de langages, Dreamweaver, PHP, Flash, Spip, etc. et d’autre part, la maîtrise de l’écriture numérique, de la création multimédia et de l’enrichissement de contenus, débouchant vers le journalisme Web. »
Le master professionnel hypermédia et communication d’Annecy a pour ambition de former des spécialistes du contenu interactif, aptes à savoir raconter, mettre en scène un message, rendre les applications multimédia efficaces, ergonomiques et adaptées aux besoins des utilisateurs.
Les masters pour les formateurs multimédia
Une petite dizaine de masters pourront intéresser les étudiants qui se destinent aux métiers de la formation multimédia, comme :
– le master DILIPEM (didactique des langues et ingénierie pédagogique multimédia) à Grenoble 3,
– le master professionnel UTICEF (utilisation des TIC dans l’enseignement et la formation) à Mulhouse,
– le master professionnel AIGEME (applications informatiques, gestion, éducation aux médias, e-formation) à Paris 3-Sorbonne Nouvelle,
– le master professionnel CAWEB (création de sites Web multilingues, localisation et gestion de contenus) à Strasbourg 2,
– le master IPM (ingénierie pédagogique multimédia) de Lille 1, deuxième année de master, qui a vingt ans d’existence et plus de 300 diplômés. S’effectuant soit en présentiel, soit à distance, il est ouvert à tout candidat fortement motivé par l’ingénierie pédagogique, la formation à distance, l’e-learning, etc.
En savoir plus
– Peut-on travailler sur Internet après une formation courte ?
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À lire
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Les métiers du Web
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– Community manager, un nouveau métier pour le web 2.0
– Le community management : un nouvel eldorado pour les jeunes diplômés ?
– Les fiches métiers sur le secteur Web/informatique/télécom
Témoignages
–Zoom sur le métier de chef de projet Web
–Le métier de community manager en vidéo
Zoom sur
https://www.letudiant.fr/etudes/3es-cycles-et-masters/les-masters-professionnels.html