Elwin GOMO Consultant en Marketing Digital et Manager Associé chez Nuxell Technolgies, entreprise Congolaise spécialisée dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication, répond aux questions de la rédaction concernant les métiers de la communication digitale et le niveau de maturation de la transition numérique des entreprises au Congo.
Présentez-vous s’il vous plaît ?
Littéraire par vocation et acteur numérique par passion, Elwin GOMO est détenteur d’un baccalauréat littéraire avant d’opter pour les études de Littératures et Civilisations Africaines à l’université. Il se consacre par la suite à une carrière professionnelle en travaillant comme Agent de voyage et de tourisme à Pointe Noire. Il s’ennuie très vite dans le domaine et découvre le métier de community Manager qui lui permet de mieux concilier sa vocation de littéraire et sa passion pour le numérique.
Certifié en community Management à l’agence Française Tamento de Paris, Elwin a fini par nourrir ses ambitions pour le marketing digital qui s’impose désormais comme son domaine de prédilection en comptant à ce jour plus de 15 certifications openclassrooms et une certification Google.
Manager-Associé à Nuxell Technologies, Elwin travaille sur plusieurs projets communautaires et culturels. Il est Event Manager de la Plateforme Boost, Initiateur des community Days, du Club de Lecture à l’Institut Français du Congo et bien d’autres.
En plus du marketing digital, ce passionné du numérique est en même temps certifié en gestion de projet digital et en communication évènementielle.
En gros, Elwin GOMO c’est le triptyque : Digital, Communauté, Culture.
Pourquoi est-il important pour une entreprise de communiquer sur les médias sociaux ? (3 arguments)
Premièrement, les médias sociaux représentent aujourd’hui plus de 4,20 milliard d’internautes dans le monde. Priver son entreprise de cette vitrine mondiale c’est passer à côté de ses potentielles cibles et laisser la place à la concurrence. Le numérique n’étant plus une option dans la communication d’entreprise, les médias sociaux sont l’un des leviers le plus important dans l’atteinte de ses objectifs commerciaux et de visibilité.
Ensuite, l’avènement des médias sociaux a donné la parole aux consommateurs. Ces derniers ont massivement pris l’habitude d’une part, de co-créer, trouver, partager et évaluer des informations en ligne et d’autre part, de s’exprimer, de réagir et de s’engager dans des communautés en ligne. Il est donc primordial pour toute entreprise de ce siècle de peaufiner sa stratégie social media afin d’être plus compétitive et visible en ligne.
Enfin, les médias sociaux nous permettent d’assister les clients en ligne, de recueillir leur retour sur la qualité des services de l’entreprise et surtout d’accroitre et de fidéliser sa clientèle.
Quel regard sur le métier de community Manager ou du Digital Marketing dans son ensemble au Congo.
Mon regard sur le métier est à la fois sombre et lumineux. Sombre parce qu’il existe encore beaucoup d’amateurisme à cause de la mauvaise conception du métier au sein des entreprises congolaises et lumineux parce qu’il devient de plus en plus un métier du présent et d’avenir.
Tant que les entreprises chercheront à améliorer leur visibilité sur internet, les compétences en community Management ou en digital en marketing seront de plus en plus sollicitées. Covid19 vient d’ailleurs de donner un coup de pousse à ce métier au Congo. En effet, de nombreuses entreprises ont pris conscience d’investir sur le digital pour rester en contact avec leurs clients.
Que pensez-vous de la qualité de communication des entreprises Congolaises sur les réseaux sociaux ?
Je remarque qu’il y a quelques entreprises qui se démarquent en se servant de manière professionnelle des réseaux sociaux mais elles restent minoritaires par rapport à celles qui font de la figuration ou n’existent pas tout simplement.
Il faut être en même temps patient. Il y a 10 ans le métier n’existait pas encore en Afrique.
Qu’est ce qui freine aujourd’hui la digitalisation des entreprises au Congo.
En plus des contraintes techniques et financières, à mon avis, la digitalisation des entreprises est freinée au Congo pour 2 raisons essentielles :
La première raison est la mauvaise compréhension des enjeux au niveau managérial. Car, On entend souvent parler du terme « digitalisation », mais beaucoup de managers ignorent encore de quoi il s’agit exactement. La digitalisation revêt plusieurs variantes en fonction du secteur d’activité. C’est un procédé qui vise à transformer des processus traditionnels, des objets, des outils ou encore des professions par le biais de technologies digitales afin de les rendre plus performants.
Ainsi, le courrier a été remplacé par l’e-mail, les magasins physiques par les boutiques en ligne, les salons par les forums web et le paiement cash par le paiement électronique. Vous l’aviez compris, il ne s’agit donc pas ici d’avoir uniquement un site web ou une page Facebook pour croire que nous avons digitalisé l’entreprise.
La seconde raison est la faible culture numérique au sein des entreprises voir et au sein de la population congolaise créant ainsi une résistance aux changements. Le Congo c’est à peine 1,79 millions d’utilisateurs d’internet sur une population de plus de 5 millions d’habitants. Le ratio du coût et du retour sur investissement de la transformation digitale peut rendre frileux certaines entreprises. Malheureusement, la survie de l’entreprise les oblige à s’y investir à défaut de disparaitre. La réduction de la fracture numérique impactera naturellement la digitalisation des entreprises et seules, celles qui s’y prendront tôt s’en sortiront. L’avènement du mobile money est un exemple patent qui a permis à certaines entreprises de comprendre les conséquences de miser trop tard sur la digitalisation.
Quelle formation sur les métiers du digital Marketing et du community Management au Congo ?
Les écoles congolaises ne proposent pas encore des formations spécialisées en community Management ou en Marketing Digital, si quelques-unes ont commencé, il faudrait encore se rassurer sur le contenu proposé. C’est d’ailleurs par carence de profils que j’avais décidé de former 2 promotions de community Managers chaque année durant 5 ans et l’objectif sera atteint d’ici l’année prochaine.
Faire une formation de qualité en community Management ou en digital marketing, c’est participer à des initiatives de formations privées des anciens dans le domaine avec une expérience avérée à défaut d’aller étudier à l’étranger ou opter pour une formation en ligne.
Quel regard portez-vous sur les mauvaises pratiques de communication digitale et social media au Congo ?
Tout part de la vision managériale, en passant par la compréhension des enjeux jusqu’à la capacité des acteurs de faire le choix de l’excellence. L’erreur c’est de croire qu’être capable de publier des informations sur les réseaux sociaux vous rend apte à pouvoir gérer la communication d’une entreprise ou d’une institution. Nous notons beaucoup de dérives communicationnelles simplement parce que ce métier est souvent minimisé et la preuve c’est celle de confier cette responsabilité à des amateurs.
Il suffit de s’approcher de ces structures pour se rende compte, qu’elles communiquent sans aucune stratégie à la base en plus de l’absence d’un calendrier de publication.
Quels conseils pourriez-vous donner aux entreprises congolaises publiques et privées qui veulent communiquer sur les réseaux sociaux ?
Le conseil est de dire que la gestion des réseaux sociaux et la communication d’une entreprise est un travail sérieux qui demande des compétences et des savoir-faire. Un Community Manager est le porte-parole de l’entreprise auprès de la communauté sur les réseaux sociaux, sur internet et auprès des autres entreprises. Confier cette responsabilité à un amateur c’est accepter volontiers de salir la E-réputation de sa structure.
A défaut de trouver une ressource compétente, le mieux c’est d’externaliser ce service, en confiant la responsabilité à une agence de communication digitale.
Quel conseil pouvez-vous donner aux jeunes qui veulent devenir CM ?
Le CM est un métier qui a beaucoup d’appelés mais peu d’élus. Car, les gens sont attirés par le côté amusant des réseaux sociaux. Cependant, dès qu’ils découvrent réellement le volume du travail qui se cache derrière, très peu arrive à se distinguer dans le domaine. Après avoir noté, cette mise en garde, le conseil est de préciser que le métier est évolutif et multitâches. Il faut donc être dans une posture de formation continue pour être plus compétitif.
L’ambition ne devrait pas être d’apprendre les ficelles du métier mais le métier lui-même.
Elwin GOMO, Consultant en Marketing Digital
Quel est votre avis LETUDIANTMAG.CG ?
L’ETUDIANTMAG.CG est une très une belle initiative. Car, elle permet non seulement d’offrir la visibilité aux professionnels, mais donne surtout aux étudiants la possibilité de trouver matières pour leur projet d’étude et professionnel. On ne le dira jamais assez sur les besoins énormes en matière d’orientation au Congo. Je suis simplement heureux de découvrir un magazine qui répond avec brio à cette épineuse problématique.